Le bougna wallisien
Pas de pêche, mais un très gros bonheur - et honneur - vécu lors de la fête organisée pour le retour en métropole de Marc, le frère champion du monde de Kalépo (voir article Wikipedia). Je me demande comment serait Kalépo si son héros n'existait pas !?! Pas une seule de nos conversations sans une mention à ce frère parti si loin...
Un bougna traditionnel wallisien y a été confectionné, avec des cochons, des ignames, des taros, des patates douces, des bananes poingo, des oignons, du tapioca, du riz... le tout arrosé de lait de coco. Vous voulez en savoir plus ? Allons-y, j'ai pris plein de photos...
Donc, il faut des cochons. En voici 3 petits, et comme dans la chanson, ils sont pendus au plafond.
Pour bien les préparer, notamment leur enlever tous les poils de la peau, pensez à faire chauffer un grand récipient d'eau où vous pourrez les y plonger sans difficulté.
Ensuite, il faut du lait de coco. Pour cela, on râpe la pulpe des noix de coco
Puis on rajoute de l'eau, on laisse macérer une bonne demi-heure et on filtre pour ne garder que le "lait" (pour info, il y a des conserves de lait de coco dans le commerce, mais c'est nettement moins bon).
Comme ça se mange cuit (le cochon, il vaut mieux !), il faut "Allumez le feu... Allumez le feu... Pour faire danser... Les jeunes et les vieux..."
Ne pas oublier de mettre des galets dans le feu, c'est grâce à eux que le "four" va si merveilleusement cuire notre bougna.
Nous sommes sous les tropiques, il pleut souvent (vous appréciez la luxuriance de notre végétation, ce n'est pas par hasard que ça pousse tant), il est prudent de faire ce feu sous un abri.
Pendant que les jeunes vont aux champs récupérer des feuilles de bananier, de palmier et de tarot...
Les feuilles de bananier sont soigneusement préparées. Pour les rendre plus souple, on leur enlève la tige centrale, elle servira à fermer les pochons en remplacement de la ficelle, puis on les coupe en 2 ou en 3 suivant leur longueur, on les ébouillante et on les plie comme des serviettes.
Certains s'affairent en cuisine à éplucher les légumes...
Et d'autres confectionnent des pochons de riz avec des feuilles de bananier préparées dans lequelles est déposé un bloc de riz...
Puis on y verse du lait de coco. Ensuite, on ferme la feuille, on consolide l'ensemble avec des limbes de feuilles de palmier soigneusement disposés et on ferme solidement avec des tiges de bananier.
Pour ne pas encombrer la zone de travail, les pochons sont aussitôt enlevés...
Et stockés sur une table à quelques mètres de là.
Les légumes préparés dans la cuisine arrivent (salut Rénato)...
On apporte aussi un grand plat de morceaux d'un quatrième cochon (le reste a servi à la préparation de porc au sucre)...
Tout est prêt, la confection du bougna peut commencer...
Prenez une feuille de taro, disposez la sur des feuilles de bananiers préparées... et faites de même avec 2 autres...
Disposez-y dessus de la viande de porc... (désolé pour le coupe-coupe, mais ces sal#?!£¤ies d'APN mettent un temps fou à prendre la photo dès que la lumière devient un peu faible)
Puis les légumes...
Coupés en gros morceaux...
Puis les condiments (ici des cives)...
Quelques morceaux de tomate...
Salez et poivrez...
Prenez dans le feu un galet brûlant...
Faites bien attention à ne brûler personne...
Et déposez-le au centre du pochon...
Relevez les bords des feuilles de bananier...
Versez du lait de coco...
Et là, déjà, je ne vous dis qu'une chose : ça sent bon !
Il ne reste plus qu'à fermer...
En consolidant le tout avec des limbes de feuilles de palmier, comme pour les pochons de riz.
...
...
Le bougna est alors fermé avec une tige de bananier.
...
...
Et nos 3 petits cochons, ils deviennent quoi ? Prenez le premier, posez le sur la table les pattes en l'air...
Prenez des demi-feuilles de bananier non ébouillantées dont la nervure au centre a été cassée pour leur faire faire un creux...
Prenez un galet brûlant (ici porté par Marc)...
Et posez-le au centre de la feuille...
Refermez-la sur elle-même sans vous brûler...
Et introduisez le tout dans le ventre du cochon... toujours sans vous brûler.
Puis bourrez avec d'autres feuilles...
Au besoin, mettez quelques coups de poings pour que tout rentre bien...
Ça y est presque...
Une dernière boule et le cochon sera prêt.
Reste plus qu'à mettre tout ça au "four"...
Mais avant, il faut encore solliciter la Nature en lui prélevant un ou deux bananiers... |
Que vous débiterez en morceaux dans le sens de la longueur. |
La préparation du "four" commence par ne conserver que la braise et les galets... |
Il faut bien sûr éteindre la moindre flamme. |
Vous recouvrez alors les galets avec une partie des morceaux de tronc de bananier (c'est pour maintenir une certaine humidité, comme la cuisson au bain-marie dans un four traditionnel)...
Puis vous disposez dessus une grille (mes amis wallis font tellement souvent des bougnas qu'ils ont eu la bonne idée de faire cette grille super adaptée)...
Une nouvelle couche de morceaux de tronc de bananier...
Vous y posez les cochons... |
En les alignant bien... |
Vous y ajoutez les pochons et autres...
Posez-y alors des bouts de bois bien solides judicieusement disposés...
Puis des feuilles de bananier...
Une nouvelle couche de morceaux de tronc de bananier...
Puis à nouveau des feuilles de bananier...
Couvrez d'une bâche goudronnée...
Et pour finir, recouvrez copieusement de tout-venant.
Votre bougna va cuire tout en douceur dans ce four polynésien aussi simple qu'ingénieux !
Vous pouvez vous reposer trois heures, ou faire une pétanque, ou...
... ou tresser des paniers !
Trois heures plus tard...
En avant, faut tout enlever !
Déjà, lorsqu'on en arrive là, je ne vous dis pas comme ça sent bon !!!
Et alors là, c'est plein le nez et plein les yeux !!!
Un dernier effort pour amener tout ça vers la table à découper
Si vous avez l'oeil observateur, vous avez sûrement remarqué trois moules à cake dont je n'ai pas encore parlés.
C'est du poé à la citrouille ! Ingrédients : citrouille, sucre, farine de manîoc, lait de coco (recette facile à trouver sur Internet). |
Chaque "pain" est découpé en cube de deux à quatre centimètres de côté. |
En attendant d'être consommés, ils vont continuer de mariner dans le lait de coco
Je vous épargne la découpe des porcelets, mais mangés chauds, c'est "énorme" ! Le problème, c'est que les wallisiens sont très protocolaires ; toute fête doit être "introduite" par des discours (de bonne santé, prospérité, fécondité...) qui ne commenceront que lorsque tout le repas sera sur la table, et chaque "notable" se doit de faire le sien ! C'est long ! Et pendant ce temps, les ingrédients refroidissent, et ce qui, chaud, était un vrai festin devient presque écoeurant froid ! Faut pas que je crache dans la soupe non plus, parce que la fête, ils savent sacrément la faire, et on danse systématiquement jusqu'au petit matin...
Dernière modification de cette page : samedi 02 mai 2009 à 10:02